Saint-Jean-la-Poterie
© Christine Durand

Terre de « potians » depuis l’an mille, la petite commune de 1 500 habitants a découvert l’importance de son patrimoine récemment, à l’occasion de fouilles : son sous-sol est truffé de vestiges, amas de tessons, fosses d’argile ou anciens fours. Une mine d’or pour les archéologues !
La production de pots, bols et écuelles, utilisés au Moyen Âge dans toute la Bretagne et jusqu’à Terre Neuve, s’est prolongée jusqu’en 1930. Puis Saint-Jean a acquis une nouvelle renommée de 1947 à 1989 grâce à sa manufacture de faïences, façonnées et décorées à la main par une centaine d’ouvriers. À la fermeture de cet atelier, la transmission du savoir-faire s’est brutalement interrompue.
Comment valoriser ce patrimoine avant qu’il ne sombre dans l’oubli ? En 2007, la commune lance une grande opération. Pendant qu’un atelier d’insertion recrute huit décoratrices en vue de créer une nouvelle gamme de faïences, l’association Terre de Potiantes entreprend de collecter témoignages et photos. Familles, anciens employés de la manufacture, collectionneurs, écoles, tous se prêtent au jeu. 200 heures d’entretiens sont enregistrées. Expos, grande fête populaire, reconstruction d’un four traditionnel, film… la mobilisation est générale !

« Trois potières souhaitent s’installer, quatre céramistes ont déjà emménagé »

Inauguré en 2014, au cœur du bourg rénové, le Patiau abrite aujourd’hui musée, galerie d’art, boutique et atelier de faïences. Pour Sophie Blanchard qui encadre ce dernier, l’originalité du lieu est d’attirer des publics très divers : « beaucoup d’habitants le font visiter à leurs amis ». « Avec 3000 à 4000 visiteurs par an, il fait partie de l’offre touristique du pays de Redon sous la marque Bretagne », ajoute Catherine Girard, adjointe à l’économie. Le Patiau expose régulièrement les céramistes de la région. « Autour de chaque thème on développe également des ateliers, suivis par 250 personnes l’an dernier », précise Mathilde Letourneur, chargée d’animation. Modelage pour les enfants, décoration à l’ancienne pour les familles, « il y a une forte demande ». Cette dynamique n’a pas manqué d’éveiller l’intérêt de la profession : « trois potières souhaitent actuellement s’installer ici », confie le maire Michel Pierre. Quatre céramistes ont déjà emménagé depuis peu. Un sentier d’interprétation reliera bientôt leurs ateliers et le Patiau qui va ouvrir un nouvel espace partagé. En attendant, rendez-vous les 14 et 15 septembre à la fête des Lises pour des démonstrations, un marché de potiers et la nuit des feux.

Christine Durand, mai 2019